Corsair Air 5400 : un boîtier qui chambarde tout (ou presque)

Trois chambres dans un boîtier PC, vraiment ? J’avoue, quand j’ai entendu parler de ce truc pour la première fois… Mon premier réflexe a été de lever les yeux au ciel. Encore un gadget marketing. Sauf que. Un youtubeur a monté dedans une config de malade – Ryzen 9 9950X3D et RTX 5090 – et là, ben, faut avouer que ça interroge sérieusement.

Le concept qui divise (et qui intrigue aussi, faut bien le dire)

Bon alors, Corsair avec son Air 5400… comment dire. C’est audacieux ? Oui. C’est bizarre ? Un peu. Est-ce que ça marche ? On y vient, patience.

Le truc c’est que contrairement aux boîtiers qu’on a l’habitude de voir – vous savez, ceux où tout est entassé dans un grand espace avec des ventilateurs partout – là, Corsair a décidé de… compartimenter. Trois chambres distinctes. Rien que ça. Geekawatt (le gars de la chaîne YouTube) a testé ça avec une machine de guerre absolue, et les résultats – franchement – ils sont là.

La promesse ? Séparer les sources de chaleur pour que chacune respire sans emmerder l’autre, si vous voulez. Mais est-ce qu’on a vraiment besoin de ça ou c’est juste Corsair qui essaie de réinventer la roue carrée pour justifier un prix premium? C’est exactement la question qu’on va creuser.

Parce que bon, soyons honnêtes – dans le monde du hardware PC, on nous vend souvent des innovations qui n’en sont pas vraiment.

Trois chambres, trois ambiances (enfin presque)

Alors voilà comment ça fonctionne dans la tête des ingénieurs de chez Corsair:

La chambre numéro un – la principale donc – elle accueille carte mère, processeur, carte graphique, tout le beau monde habituel. Classique jusque-là. La deuxième chambre ? Bon, celle-là c’est pas révolutionnaire hein, c’est là qu’on planque l’alimentation et tous les câbles moches qui traînent. Standard.

MAIS (et c’est un gros mais) la troisième chambre, elle… c’est là que ça devient intéressant. Située à l’avant du châssis, elle est dédiée – exclusivement même – au radiateur du watercooling. Et pourquoi c’est malin ? Parce que ce radiateur, il va jamais chauffer l’air qui va vers les autres composants ! Il a son propre circuit d’air, complètement isolé du reste.

Et là on a des conduits en plastique (des sortes de gaines) qui dirigent les flux d’air de manière super précise. En haut et en bas du boîtier : deux conduits pour guider l’air autour de la carte graphique spécifiquement. À l’avant : un autre conduit qui isole totalement le radiateur. L’air rentre par devant, traverse le rad, ressort direct par l’arrière sans même dire bonjour aux autres composants.

Résultat théorique (parce que oui, théorique d’abord) : un radiateur qui travaille toujours avec de l’air frais – jamais préchauffé par une carte graphique qui tourne à 70°C – et une GPU ventilée par trois ventilateurs dédiés en dessous (en aspiration inversée, détail important) plus trois autres au sommet en extraction.

Sur le papier… ouais, c’est carrément ingénieux.

Esthétiquement parlant : on aime ou on déteste

Visuellement l’Air 5400 c’est… imposant. Genre vraiment. C’est presque carré tellement il est profond, un vrai cube. Le panneau latéral en verre trempé courbé – plutôt classe je dois dire – se divise en deux parties : une section arrière sur charnière (pratique ça) et une partie haute qui s’enlève super facilement. Bon point pour l’accessibilité.

Mais (encore un mais, désolé) tous les choix esthétiques sont pas géniaux. Les conduits transparents en plastique au sommet, ok, ça passe. Mais celui pour le radiateur… il arrive déjà rayé de l’usine ? Avec des traces et des micro-griffures ? Mouais, pas top pour un produit qui va clairement pas être donné niveau tarif.

Et puis il y a ce système de brosses – vous savez, ces trucs censés cacher le passage des câbles. L’idée est bonne sur le papier mais l’exécution… disons que c’est raté. Des brins qui partent dans tous les sens, des déformations, des trous… On dirait que quelqu’un a massacré une brosse à cheveux, vraiment. Dommage.

Ah et les ventilateurs frontaux ! Tous regroupés sur le côté droit. Perso ça me dérange pas mais je sais que certains vont hurler au sacrilège – « mais c’est pas symétrique !!! ». Corsair assume un style particulier, faut reconnaître. Ça passera ou ça cassera selon les goûts.

Une config qui fait pas semblant (vraiment pas)

Pour tester ce boîtier dans des conditions extrêmes – parce que sinon à quoi bon hein – le youtubeur a monté une machine absolument dingue. Au centre de tout ça : un AMD Ryzen 9 9950X3D. Le processeur X3D le plus puissant actuellement avec 16 cœurs et 32 threads.

Mais attendez… pourquoi pas le 9800X3D qui coûte moins cher et qui en gaming pur fait quasiment pareil ?

Bonne question ! Deux raisons principales : premièrement, quelques jeux récents commencent à vraiment exploiter les architectures multi-cœurs (enfin !), et cette tendance va que s’amplifier. Deuxièmement, si vous faites pas que du gaming – streaming, montage vidéo, création de contenu tout ça – les cœurs en plus font vraiment la diff’. C’est une vision long terme quoi.

Le CPU repose sur une Gigabyte X870E Aorus Elite X3D, une carte mère spécialement optimisée pour les puces X3D (même si elle accepte tous les processeurs AM5, précisons). Niveau refroidissement : Corsair H150i IQ Link, un AIO 360mm avec un petit écran personnalisable sur le waterblock. Pour surveiller les températures en temps réel – et surtout avoir l’air cool.

Côté RAM, 48 Go de Corsair Dominator Titanium… Un chiffre bizarre vous trouvez pas ? C’est entre les 32 Go suffisants pour la plupart des jeux et les 64 Go carrément excessifs sauf si vous montez des vidéos 8K toute la journée. Un compromis intelligent finalement.

Pour le stockage : Samsung 990 Pro, l’un des SSD Gen 5 les plus rapides qu’on trouve actuellement. Et sans ventilateur actif bruyant (contrairement à certains autres modèles Gen 5 qui sonnent comme des mini aspirateurs). Merci Samsung.

La RTX 5090 et cette alim complètement surdimensionnée

Alors là on parle de la star du show : la Nvidia GeForce RTX 5090 – installée sur le slot PCIe du haut pour profiter à fond du système de canalisation d’air. Cette carte c’est… le summum de la puissance actuellement pour nous les joueurs. Point final.

Et pour alimenter cette bête affamée ? Une Corsair HX1500i de 1500 watts. Ouais. 1500. Le testeur le dit lui-même : c’est excessif, 1200W auraient largement suffi (voire 1000W honnêtement). Mais bon dans une optique de test limite pourquoi se retenir ? Cette alim ATX 3.1 compatible PCIe Gen 5.1 a même un port USB-C pour monitorer la conso via le logiciel Corsair IQ. Pratique… ou gadget ? Les deux probablement.

Sauf qu’il y a eu un petit problème (évidemment): la longueur de cette alim de 1500W laisse vraiment TRÈS peu d’espace pour les câbles à l’arrière. Solution ? Retirer un support interne pour gagner de la place. Ce qui prouve qu’une alim plus raisonnable aurait facilité le montage… mais où est le fun dans la raison ?

L’assemblage qui révèle les vraies galères

Et c’est là que ça devient intéressant (ou frustrant, selon votre patience).

Premier problème : impossible de visser correctement la carte mère avec le conduit d’air du bas en place ! Faut le retirer. Mais comment ? Bonne nouvelle : Corsair a prévu une clip accessible en ouvrant la porte frontale – ouf.

Deuxième casse-tête : comment faire passer les tubes du watercooling du radiateur (qui est dans SA chambre isolée à l’avant) jusqu’au processeur (qui est dans la chambre principale) ? Mystère. Après quelques ajustements, essais-erreurs et probablement quelques jurons… la solution apparaît finalement élégante. Les tubes traversent un passage dégagé et peuvent être organisés discrètement une fois les conduits plastiques replacés.

Et puis les ventilateurs d’origine. Six ventilateurs Corsair QX120 IQ Link viennent remplacer les ventilateurs de base fournis avec le boîtier – trois en aspiration en bas, trois en extraction en haut. Pourquoi les remplacer ? Parce que les ventilateurs fournis utilisent un éclairage ARGB 5V standard qui synchronise pas avec l’écosystème IQ Link. Et on veut que tout clignote en harmonie évidemment.

La gestion des câbles par contre (surprise !) c’est plutôt bien pensé avec pas mal d’espace dans la seconde chambre. Un bon point pour Corsair qui d’habitude… bof. Les câbles de l’alimentation avec leur gainage hybride entre nylon et tressage donnent une finition propre – ça c’est cool.

Les perfs thermiques qui clouent le bec (presque littéralement)

Bon maintenant les chiffres qui comptent vraiment.

Les benchmarks en 4K avec préréglages élevés dans plusieurs jeux AAA montrent que… oui, le système de triple chambre tient ses promesses ! Battlefield 6 en 4K qualité haute : 138 FPS de moyenne. Marvel’s Rivals dépasse largement les 120 FPS dans les mêmes conditions.

Call of Duty Black Ops 6 mode Zombies – accrochez-vous – plus de 220 FPS en 4K high. DEUX CENT VINGT. C’est complètement dingue, vraiment. La synergie entre le 9950X3D et la RTX 5090 fait des merveilles apparemment.

Et Cyberpunk 2077 avec ray tracing moyen et DLSS Quality ? Presque 100 FPS. Dans Cyberpunk ! Avec ray tracing ! En 4K !

Mais au-delà de ces perfs brutes (impressionnantes certes) c’est surtout les températures qui valident le concept. La carte graphique n’a jamais – JAMAIS – dépassé 70°C durant ces sessions intensives. Elle tourne généralement autour de 66°C. Le processeur reste aussi sous contrôle autour de 70°C (sauf dans Battlefield 6 qui est particulièrement gourmand en CPU, où ça monte légèrement).

Ces résultats c’est… vraiment une réussite. Dans un boîtier classique avec une config aussi puissante vous verriez facilement des températures GPU à 75-80°C sous charge soutenue, voire plus. L’isolation du radiateur et le flux d’air dédié à la carte graphique produisent un effet mesurable et franchement bénéfique.

Alors, on achète ou pas ? (La vraie question)

L’Air 5400 de Corsair représente clairement une approche novatrice dans le monde un peu endormi des boîtiers PC. Le système de triple chambre c’est pas juste du marketing : ça délivre des bénéfices thermiques réels, mesurables, qui se traduisent par des températures plus basses et potentiellement (on peut l’espérer) une longévité accrue des composants.

Le refroidissement isolé du radiateur c’est l’idée la plus intelligente ici. Trop souvent on oublie que tous les composants d’un PC s’influencent thermiquement les uns les autres – et ça dégrade les performances globales. Là le radiateur fonctionne en vase clos avec de l’air constamment frais. Pendant ce temps la carte graphique profite d’un flux optimisé sans interférence. Win-win.

Mais (toujours ce mais qui revient) tout n’est pas rose dans le meilleur des mondes.

Les finitions perfectibles – ces conduits plastiques qui arrivent rayés, ce système de brosses décevant – ça casse un peu l’ambiance premium qu’on attend à ce niveau de gamme (et certainement de prix). L’encombrement aussi : ce boîtier est MASSIF. Profond. Large. Si vous avez un petit espace sous le bureau… oubliez.

Et puis certains choix esthétiques vont diviser. L’orientation des ventilateurs par exemple. Les puristes de la symétrie vont détester – j’imagine déjà les commentaires sur les forums.

Question assemblage : les utilisateurs expérimentés s’en sortiront sans trop de problème avec les petits ajustements nécessaires. Mais un débutant qui monte son premier PC ? Il risque de galérer avec cette architecture compartimentée. Faut être honnête.

Le prix… ah le prix. On le connaît pas encore mais ça sera clairement positionné premium. Très premium même. Réservé aux configs haut de gamme où chaque degré Celsius compte vraiment et où l’esthétique justifie un investissement conséquent.

Et si on prenait du recul une seconde ?

Au-delà des specs techniques – parce qu’au final c’est pas que ça qui compte – l’Air 5400 pose une question plus large sur l’évolution du design des boîtiers. Les composants deviennent toujours plus puissants (la RTX 5090 en est la preuve vivante), ils génèrent toujours plus de chaleur… et simplement multiplier les ventilateurs ça commence à montrer ses limites.

L’approche modulaire et compartimentée de Corsair pourrait – peut-être – inspirer d’autres fabricants à vraiment repenser la circulation de l’air de manière fondamentale. Ou alors ça restera une curiosité isolée dans l’histoire des boîtiers PC. L’avenir nous le dira.

On peut aussi s’interroger (petite parenthèse) sur la pertinence d’installer un 9950X3D plutôt qu’un 9800X3D dans une telle config. En gaming pur avec une RTX 5090 l’écart reste modeste vraiment. Mais pour les créateurs de contenu, les streamers – là oui, les cœurs supplémentaires font sens. Et l’absence de concurrence sérieuse d’Intel sur le segment X3D laisse AMD tranquille en position dominante avec des prix en conséquence… Une situation qui pourrait changer si Intel arrive à relancer sa gamme Core Ultra avec des puces enfin compétitives (on peut rêver non ?).

Le choix de cette alimentation 1500W illustre aussi l’escalade perpétuelle dans les besoins énergétiques des configs gaming. Alors que les préoccupations environnementales prennent de l’importance – et que le coût de l’électricité grimpe partout – cette course à la puissance brute… ça interroge sur la soutenabilité à long terme. Mais bon, c’est un autre débat.

L’écosystème Corsair IQ Link, bien que pratique pour tout synchroniser, rappelle les limites de la fragmentation du marché hardware. Chaque fabricant a son propre logiciel, ses propres standards de connectivité… Résultat ? On jongle entre 5 applications différentes juste pour contrôler sa machine. Super pratique (ironie).

Reste que l’Air 5400 s’inscrit comme une proposition vraiment intéressante pour les joueurs et créateurs exigeants qui recherchent les meilleures performances thermiques possibles. Loin d’être un simple gadget (même si j’avais mes doutes au début je l’avoue), le concept de triple chambre démontre qu’il existe encore des marges d’innovation dans un segment où on pensait avoir tout vu.

Corsair prend un risque en s’écartant des sentiers battus – et franchement ce pari mérite d’être salué même si l’exécution pourrait être peaufinée sur quelques détails. D’autres constructeurs suivront-ils ? Mystère.

Pour l’instant, les 138 FPS dans Battlefield 6 et ces températures maîtrisées plaident clairement en faveur d’une expérience réussie. Imparfaite certes. Perfectible oui. Mais réussie.

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